Kegonji, le temple de Kannon et la fin du pèlerinage de Saigoku
Le pèlerinage de l'île de Shikoku est le plus célèbre du Japon, 88 temples à parcourir pour honorer Kōbō-Daishi (弘法大師) le saint fondateur de l'école bouddhiste Shingon. Mais il n’est pas le seul pèlerinage du Japon et dans le Kansai (là où se trouvent Osaka et Kyoto) existe le pèlerinage Saigoku. 33 temples pour honorer Kannon la bodhisattva de la compassion dont le temple Kengonji est le point final.
Pourquoi je suis allée là bas ? |
J'ai entendu parler du pèlerinage Saigoku via un reportage ARTE : Japon chemin de pèlerinage de Frank Mirbach, qui suivait les pérégrinations de Maruko Tsuyuno une apprentie moine bouddhiste. Un reportage magnifique où l'on suit Maruko et sa joie de vivre, je pense sincèrement que son sourire peut arrêter des guerres.
J'ai donc ainsi découvert ce pèlerinage dédié à Kannon, qui a retenu toute mon attention. Si d'une manière générale je suis plus attirée par la religion shintoïste, j'ai quand même beaucoup d'affection pour Kannon. Principalement car c'est un personnage important de la légende du Roi des singes dont je suis très fan. Dans l'histoire malgré son statut de "bodhisattva de la compassion" elle n'hésite pas à élaborer des stratégies pour que les événements aillent dans son sens. Étant prête à aller elle-même au combat s'il le faut. Bref elle n'est pas seulement une "jolie déesse qui n'est qu'amour et miséricorde".
Ce qu'il y a à voir ? |
Ce n'est pas une journée qui avait super bien commencé. Déjà il pleuvait et c'était parti pour bien durer. J'avais passé la nuit à Inuyama, dans la banlieue nord de Nagoya et je devais dormir le soir même à Hikone (sur le chemin pour Kyoto). Le temple était donc prévu sur la route et j'étais accompagnée de Sutsu-chan, ma valise. Pour monter au temple il faut s'arrêter à la gare d'Ōgaki, puis prendre un train qui monte à Tanigumiguchi et enfin un bus.
J'avais dans l'idée de laisser Sutsu-chan à la gare d'Ōgaki, mais une fois sur place, déception. Aucune "grande" consigne à la gare. Il n'y avait que des petites et des moyennes. Et après m'être renseignée j'ai dû me rendre à l'évidence, pas de place pour Sutsu-chan. Je reprends donc le train pour la gare de Sekigahara, une gare beaucoup plus grande où j'espère pouvoir trouver de grands coin locker. C'est dans ces cas là que le Japan Rail Pass est bien pratique.
Malgré tout je perds quand même du temps et les trains pour Tanigumiguchi ne sont pas légions. Je fais des plans sur la comète et j'ai normalement tout juste le temps de poser Sutsu-chan et de revenir mais... je me perds en chemin, impossible de trouver le bon quai.
Quand ça veut pas...
Finalement je prends un autre train, il existe en effet un autre combo train + bus pour aller au temple qui passe de l'autre côté. C'était juste mon second choix car la partie en bus est plus longue et le train est beaucoup moins mignon (oui ça a de l'importance !)
Un coup de bus et j'arrive en bas de la rue commerçante qui mène au temple. Il est 11h30 et tout est fermés et le restera toute la journée. Je ne comprends pas bien pourquoi, on est un mercredi et ce n'est pourtant pas un jour férié. Mais bon, pas grave, je suis venue pour le temple pas pour faire du shopping. En chemin je croise quand même un magasin de "bondieuseries" ouvert. Et j'en profite pour m'acheter mon tout premier Goshuin-sho.
Un goshuin-sho est un livret en accordéon, spécialement conçu pour recueillir les Goshuin. Des signatures des temples et sanctuaires. J'ai prévu de faire un article sur le sujet un jour mais en attendant je vous laisse consulter l'article d'Eva si vous souhaitez en apprendre plus.
J'ai décidé de me faire faire quelques goshuin des temples qui ont une importance pour moi durant ce voyage. Et ce temple en fait partie et vous allez le voir je ne vais pas être déçue.
La visite commence par le passage sous le Mon, le grand portail d'entrée de l'enceinte qui est sur deux niveaux. Auquel sont accrochés deux immenses zori en paille de bien 2 ou 3 mètre dans lesquels les pèlerins coincent des pièces de 1 yen. On suit ensuite un grand chemin bordé de mini temple souvent avec des Jizo, pour arriver au grand escalier qui monte au bâtiment principal flanqué de grands kakemono blancs... Ouais ça a son petit effet.
Le grand autel principal n'est en soit pas exceptionnel, hormis l'immense lanterne rouge. Il est surtout très très noir, je me demande si c'est dû aux fumées d'encens, bien que cette partie soit largement ouverte sur l'extérieur.
Non les beautés du Kegon-ji se cachent ailleurs. Il suffit de contourner le temple et de se promener dans les passages couverts en bois qui relient entre eux de plus petites niches. Dans ces niches, qui sont en fait de petits temples, des tas d'habits de pèlerins, mais aussi de chapeaux et de cannes multicolores. Le Kengon-ji étant le point final du pèlerinage de Saigoku, il est de coutume de laisser ici les objets qui vous ont accompagnés tout au long de votre chemin. Et des grues ! Des grues multicolores de partout ! Dans ce petit jour gris c'était un vrai régal.
Derrière le temple un autre escalier mène à un sanctuaire plus petit, avec encore des grues mais surtout des tanuki. Pleins de statues de tanuki, certaines même assez grosse pour faire ma taille et parfois plus (n.d.l.r je fais 1m70). Et dans toute leur "splendeur". Des femelles, des mâles, une joyeuse famille un peu creepy.
C'est aussi derrière ce sanctuaire que partent et arrivent les chemins du pèlerinage. S'il n'avait pas fait aussi mauvais et plu non stop j'aurai volontiers poussé la balade dans les bois.
Mon avis |
Si je suis allée au Kegon-ji c'est aussi pour y vivre une petite "expérience". Vous pouvez emprunter un passage qui passe sous l'autel, il n'est pas très long mais a la particularité d'être entièrement dans le noir. Les pèlerins finissent en général par ce passage, on dit que c'est comme une seconde naissance.
Je ne suis pas particulièrement spirituelle comme personne, mais j'avais très envie de tenter. Vous déposez 100 yens dans un tronc et vous descendez un étroit escalier de bois. Le passage fait quasiment tout de suite un coude et vous vous retrouvez très rapidement dans le noir. Le noir total. En chaussettes (intérieur d'un temple oblique), une main dans ma poche serrée très fort sur mon téléphone et l'autre glissant le long de la paroi pour me guider. J'ai senti passer sous mes doigts la pierre, mais aussi le bois et des assez grandes formes en métal qui devaient sans doute représenter des chrysanthèmes. Pendant les deux minutes qu'a duré ma balade j'ai vraiment pas fait la fière. Tenant bon pour ne pas sortir mon téléphone, lancer la lampe de poche et regarder autour de moi.
Une deuxième naissance... sans doute pas (moins de violence en tous cas). Mais le passage fait assez de circonvolutions pour vous faire perdre vos repères et vous laisser tout étonné quand vous retrouvez enfin la lumière du jour.
Avant de partir j'en ai profité pour faire signer mon goshuin-sho et surprise ! Ici on en fait trois. Je repars toujours sous la pluie, non sans avoir fait une petite caresse aux poissons placés de chaque côté du haut des escaliers. Comme leur cousin komainu, l'un a la bouche ouverte et l'autre fermé.
Retour au bus et au train, le bon cette fois ci. Regardez moi cette merveille !
Que rapporter ? |
Si vous avez déjà un goshuin-sho, il faut vous faire faire les trois goshuin du temple. Sinon les magasins de la rue menant au temple vendent beaucoup d'objets religieux, c'est une bonne occasion d'y acheter son goshuin-sho, il y a un vaste choix de carnets.
Comment se rendre sur place ? |
Deux solutions donc pour se rentre là-haut. Tout part de la gare d'Ōgaki (大垣駅)
Solution 1 :
Depuis la gare d'Ōgaki, prendre la ligne Tarumi Tetsudo en direction de Tarumi. Descendre à l'arrêt Tanigumiguchi (谷汲口駅) - Ticket 670 yens / Temps 40 min.
De là prendre le bus 名阪近鉄バス横蔵線 jusqu'à l'arrêt 谷汲山 - Ticket 100 yens / Temps 8 min. Horaires : 7h24 / 10h00 / 11h35 / 12h52 / 14h30 / 16h05
C'est ce chemin qui a le train le plus mignon ! Il se prend sur le quai numéro 6 qui est toooout au bout du quai numéro 5 (attention c'est à partir de là que je me suis perdue). C'est là aussi que l'on peut acheter les billets de train.
Solution 2 :
Toujours depuis la gare d'Ōgaki, prendre la ligne Yoro Tetsudo en direction d'Ibi. Descendre à l'arrêt Ibi (揖斐駅) le terminus donc - Ticket 410 yens / Temps 24 min.
De là prendre le bus 名阪近鉄バス横蔵線 jusqu'à l'arrêt 谷汲山 - Ticket 200 yens / Temps 13 min. Horaires : 9h59 / 10h40 / 12h20 / 14h50 /16h10
Attention ! Il y a très peu de bus par jour (environs 6 ou 7). Je vous invite pour tout ce qui est horaires, emplacements et arrêt de bus à vous servir de l'application Japan Official Travel App (j'ai fait un article sur comment s'en servir).
Merci pour ce beau partage, je suis vraiment fan de ton blog :)
RépondreSupprimerMerci ❤
SupprimerSuperbe récit... on a l'impression d'y être. Peut être qu'un jour, en vrai... ^^
RépondreSupprimerUn jour j'en suis sûre (^_^)
SupprimerSuperbe sortie ! J'aime bien ce genre d'endroit.
RépondreSupprimerLe plafond cloisonné me fait penser aux temples chinois ; les peintures sont vraiment très jolies
Ton goshuin-sho est très joli. Tu l'as acheté où ? Le mien est terminé, lors de prochain voyage, il faudra investir à nouveau :-)
Merci pour ton partages
Je l'ai acheté ce jour là justement, dans un des magasins de la rue commerciale qui mène au temple. Il y avait un large choix.
SupprimerJ'avais vu ce fameux reportage sur Arte. Il était très intéressant.
RépondreSupprimerMerci pour ce joli partage, j'ai encore appris plein de choses. ^^
Oui c'était un très beau reportage. je l'ai revu pour la rédaction de cet article et c'était marrant de revoir les lieux très bien filmés.
SupprimerClassé en rouge sur la carte !
RépondreSupprimerNickel l'article avec le plan et les différents endroits où prendre les transports.
Il est super joli ton goshuin-sho. Le train était aussi bien décoré dedans ?
Hélas non, le train était très quelconque à l'intérieur.
SupprimerMerci pour ce bel article, je l'ai vraiment beaucoup apprécié :)
RépondreSupprimerMerci de l'avoir lu
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